Kyle Shewfelt : Le seul et unique

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Kyle Shewfelt : Le seul et unique

Après avoir longuement marché dans le centre-ville de Calgary en un après-midi de lʼautomne 2012, Kyle Shewfelt a réfléchi à une grande question : « Quʼest ce que je fais? »

Le champion olympique en gymnastique de 2004 venait tout juste de conclure une entrevue avec une équipe de recrutement. Depuis sa retraite, il voguait d’une aventure à l’autre, dans des domaines comme l’immobilier, le mentorat, et l’enseignement du yoga. L’entrevue devait mener à un emploi dans une grande entreprise, avec sécurité et permanence. Mais dès son départ, il savait que quelque chose clochait.

« Au cours de cette longue marche, j’ai dû me demander ce que j’étais en train de faire, » se souvient Shewfelt. « Après Beijing, j’ai passé quatre ans à passer d’un emploi à un autre. Je nʼavais pas d’objectif central. Jʼétais perdu et je nʼavais aucune responsabilité. » Trouver un endroit où se poser semblait être la bonne chose à faire.

Toutefois, une idée née il y a plusieurs années continuait de faire son chemin dans sa tête. Tout au long de sa carrière, Shewfelt a admiré de nombreux gymnastes américains exceptionnels, dont certains ont ouvert leur propre gymnase. « Je me sentais inspiré par ces champions olympiques qui ont aussi créé un héritage après leurs carrières, » dit-il. Lui aussi aimait l’idée d’un jour ouvrir son propre gymnase.

Il est allé jusquʼà dévoiler son projet à son amie de longue date Krystal Boychuk lors d’une fête, alors qu’ils étaient dans la mi-vingtaine. Il s’est tourné vers moi et m’a dit : « Je vais ouvrir un gymnase un jour, et tu vas devenir ma directrice, » se souvient Boychuk avec un éclat de rire. À ce moment, elle a accepté avec enthousiasme, sans se douter qu’un jour, l’entente serait officialisée.

Shewfelt nʼen était pas certain non plus, et il a souvent douté sérieusement de sa capacité à faire le saut dans le monde de l’entrepreneuriat. « Je voulais ouvrir un gym, mais je nʼavais pas le courage, » avoue-t-il. « Je ne savais pas tout ce que ça impliquait. »

En fin de compte, sa vision s’est forgée autour des souvenirs récurrents de sa jeunesse, alors qu’il aspirait à devenir un athlète olympique, et qu’il s’entraînait quatre heures chaque après-midi, avant de revenir à la maison pour manger et faire ses devoirs. Il était extraordinairement méticuleux et consciencieux au gymnase et à l’école, mais une fois par mois, lorsque son magazine de gymnastique arrivait, il lâchait tout pour le dévorer d’une couverture à l’autre.

Ce souvenir a rappelé à Shewfelt à quel point il aimait la gymnastique. « Je ne faisais pas semblant, » s’exclame-t-il. « Le sport mʼa apporté tellement de joie, et quand je m’y suis finalement reconnecté, tout est devenu très clair. »

À la fin de sa longue marche, Shewfelt, maintenant âgé de 36 ans, a pris la grande décision qui allait tracer son destin : il allait ouvrir son propre gym. « Je ne suis pas un gars d’entreprise, » explique-t-il. « Je voulais être mon propre patron. Jʼétais prêt à affronter mes peurs, et je voyais mon avenir dans ce gymnase. »

Avec sa vision en tête, il a appelé Boychuk, qui, à ce moment, élevait ses deux jeunes enfants à la maison. En quelques minutes, ils ont conclu une entente, et à partir de ce moment, Shewfelt s’est lancé à temps plein dans la réalisation d’un plan d’affaires, en travaillant seize heures par jour pour en faire une réalité.

Après avoir trouvé lʼemplacement idéal au printemps 2013, les choses sont devenues sérieuses. Shewfelt a trouvé du financement, et a suivi plusieurs cours d’entrepreneuriat à l’Université Mount Royal. Ces expériences, dit-il, lui ont finalement donné la confiance pour devenir un entrepreneur.

« Jʼai connu du succès dans le sport parce que j’étais prêt à travailler plus fort que tout le monde, à tout donner », dit-il. « Je suis pareil en affaires. »

Moins dʼun an après cette décision cruciale, Shewfelt a ouvert son gymnase dans le sud de Calgary, le Kyle Shewfelt Gymnastics. Il se distingue des autres centres par sa vocation purement récréative, une priorité pour Shewfelt. « J’ai déjà suivi le parcours compétitif, et je n’en voulais plus dans ma vie », dit-il. « Jʼai tâté le marché, et je savais quʼil y avait déjà de nombreux gymnases axés sur la compétition à Calgary. »

Shewfelt dirige les athlètes qui présentent un potentiel compétitif vers d’autres gymnases et demeure ancré dans son approche originale. « En ouvrant son gym, Kyle a créé un espace pour tous, peu importe l’âge et le degré d’habileté », affirme Boychuk, la directrice du programme. « Cʼest son héritage. »

Bien sûr, l’héritage de Shewfelt dans le monde de la gymnastique est largement reconnu et admiré. Il est le seul médaillé olympique canadien dans l’histoire de ce sport, grâce à sa médaille dʼor lors de l’exercice au sol en 2004. Son exploit héroïque, soit de revenir à la compétition après s’être cassé les deux jambes onze mois avant les Jeux de Beijing en 2008, a consolidé davantage sa position comme lʼun des meilleurs et des plus courageux athlètes canadiens de tous les temps.

Mais maintenant, cʼest son héritage en tant que bâtisseur de communauté, d’entrepreneur, de mentor, de bénévole, de mari et de père qui motive Shewfelt chaque matin.

Il sait pertinemment que ses succès dans le sport et dans la vie s’appuient sur les mêmes fondements : un puits profond de motivation intrinsèque et une extraordinaire minutie. Malgré tout, ce qui est peut-être le plus remarquable à propos de Shewfelt, c’est son énergie sans bornes, son enthousiasme et son optimisme qui le suivent dans tous les aspects de sa vie.

« Il est sérieux et a la bosse des affaires », remarque Boychuk. « Mais il est aussi très amusant! Parfois, au beau milieu de la journée, il monte le volume au max dans le bureau et nous dansons tous ensemble. » C’est ce qui fait qu’il est « le seul et unique ».

Shewfelt affirme quʼil est toujours à la poursuite de la meilleure version possible de lui-même, et il reconnaît qu’il y est presque. « Jʼai reconnecté avec mon but », dit-il joyeusement. « Je sens que je fais exactement ce à quoi j’étais destiné. »

Institut canadien du sport de calgary: @csicalgary
Rédigé par Kristina Groves: @kngrover
20/09/18

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