Une simple question
Il suffit d’avoir un esprit inquisiteur pour poser une question intéressante. Un monde de possibilités s’ouvre alors à ceux qui sont prêts à chercher la réponse.
La question de Tessa Gallinger, préparatrice physique à l’ICS Calgary, était toute simple : est-ce que l’entraînement à haute vitesse peut entraîner une adaptation musculaire chez les gens atteints d’une infirmité motrice cérébrale?
Plus précisément, Mme Gallinger, qui travaille en paranatation, paracyclisme, paratriathlon, goalball et pour l’équipe de natation de l’Université de Calgary (Dinos), voulait savoir si l’entraînement à haute vitesse pouvait causer une augmentation de la longueur des muscles, et surtout ceux des mollets.
Son raisonnement était que, si la longueur des muscles augmente (ce qui devrait se produire lors de l’entraînement à haute vitesse), les muscles peuvent également raccourcir plus rapidement, ce qui permettrait d’obtenir plus de puissance et une meilleure performance. Obtenir une meilleure performance est l’objectif à atteindre pour les chercheurs comme Mme Gallinger. « Nous devons comprendre comment l’entraînement que nous mettons en place influence la performance des athlètes, » dit-elle.
La question de Mme Gallinger était posée pour la première fois dans le domaine de la recherche en infirmité motrice cérébrale et de l’adaptation musculaire. « Des recherches précédentes ont montré que l’entraînement de force est bénéfique pour améliorer l’allure et la performance de marche chez les gens atteints d’une infirmité motrice cérébrale, » explique Mme Gallinger, spécialisée en force adaptée. « Mais aucune recherche ne vise à découvrir si l’entraînement à haute vitesse a la moindre incidence. » Elle ajoute que la majorité des recherches dans ce domaine sont effectuées dans un environnement clinique et non pas dans un contexte de sport de haute performance.
C’est ainsi que Mme Gallinger a commencé sa thèse de maîtrise. Elle a recruté huit jeunes atteints d’une infirmité motrice cérébrale et actifs, puis leur a fait suivre un entraînement à haute vitesse pendant dix semaines (sprint, agilité, lancer de ballon médicinal) et s’est servie d’imagerie ultrasonique pour mesurer les changements de la longueur des muscles.
Les résultats préliminaires ont indiqué que la longueur des muscles peut augmenter grâce à ce type d’entraînement chez les gens atteints d’une infirmité motrice cérébrale. Aucun changement de la longueur des muscles n’a été observé chez certains sujets, mais Mme Gallinger a remarqué que, chez ces personnes, le rapport entre la force et la longueur a changé de manière optimale, ce qui indique une augmentation des sarcomères en séries, soit la structure fondamentale du muscle.
C’est une réponse à une question simple, mais surtout, ces informations nous poussent à nous poser des questions plus poussées et à y répondre. Est-ce que le changement de longueur des muscles entraîne plus de puissance? L’entraînement à haute vitesse entraîne-t-il des changements fonctionnels ou a-t-il des répercussions sur la performance des gens ayant une infirmité motrice cérébrale?
Mme Gallinger a remporté un prix pour ses recherches, qu’elle a présenté sommairement lors de la conférence de la Société canadienne de physiologie de l’exercice en octobre 2018. Le Prix d’excellence pour les membres certifiés de la SCPE honore les membres qui ont mené des recherches remarquables. Mme Gallinger a également été invitée à présenter les résultats de ses recherches à la table ronde sur l’infirmité neuromotrice à l’hôpital pour enfants de l’Alberta cette année.
Bien qu’elle apprécié toute cette reconnaissance, ce que Mme Gallinger trouve le plus valorisant est quelque chose d’un peu moins tangible. « Le plus important pour les cliniciens et moi, c’était de découvrir que les gens atteints d’une infirmité motrice cérébrale peuvent suivre ce genre d’entraînement. En plus, ils ont vraiment aimé l’expérience! », dit-elle.
Dans un monde où l’inclusivité est un défi, Mme Gallinger affirme que plusieurs participants à l’étude ont été rejetés lors des cours d’éducation physique lorsqu’ils étaient jeunes. En raison de ces exclusions, il existe moins d’occasions pour eux d’apprendre et de s’améliorer. Les autres ont également plus de difficulté à comprendre l’infirmité motrice cérébrale et de quoi les gens qui en sont atteints sont réellement capables. Un jour, grâce aux gens qui se posent les bonnes questions comme Mme Gallinger, le monde deviendra peut-être plus inclusif et les gens atteints d’une infirmité motrice cérébrale seront mieux compris et s’intégreront plus facilement. Nous pouvons être optimistes, car les recherches originales amèneront d’autres recherches.
Peu à peu, les recherches semblables effectuées par Mme Gallinger et ses collègues nous aident à mieux comprendre notre besoin à tous de devenir meilleurs, et ce, peu importe notre situation.
Institut canadien du sport de calgary: @csicalgary
Rédigé par Kristina Groves: @kngrover
Photo crédit: Dave Holland @csicalgaryphoto
15/11/18