Comment les diététistes, les conseillers en performance mentale et d’autres s’attaquent au problème des troubles de l’alimentation dans le sport
Par Teddy Katz pour le Comité olympique canadien
Avertissement : cet article de blogue traite d’un sujet et de situations qui peuvent être douloureux ou troublants. Une ligne d’assistance et un soutien par clavardage sont offerts à l’échelle du Canada par le National Eating Disorder Information Centre en ligne et au 1 866 633-4220.
Les athlètes ont une relation unique avec la nourriture et ce qu’ils mettent dans leur corps. Ils savent qu’une alimentation saine et un apport en carburant adéquat sont importants pour leur performance et leur bien-être. Toutefois, le fait de trop se concentrer sur son corps, en particulier sur son poids, peut entraîner de gros problèmes.
La question des troubles de l’alimentation dans le sport a récemment été bien documentée dans une série d’histoires du journal The Globe and Mail. Elle a été présentée après un examen de l’étendue des troubles de l’alimentation dans le sport d’élite. Certains athlètes ont parlé de consommation excessive de nourriture, de purge et d’autres difficultés qu’ils ont vécues.
Kelly Drager, une diététiste de la performance qui travaille à l’Institut canadien du sport de Calgary, affirme qu’il est déchirant d’entendre certaines des histoires de ce que vivent les athlètes. Elle dit qu’il est important de normaliser la conversation, pour que les athlètes sachent qu’il existe de l’aide.
« Ces histoires doivent attirer l’attention pour que les gens en parlent, y compris ceux qui prennent des décisions en matière d’éducation, de soutien et de financement pour la santé mentale et la nutrition. »
Mme Drager affirme qu’essayer de diagnostiquer une personne atteinte d’un trouble de l’alimentation peut parfois être difficile. Les athlètes peuvent parfois ne pas demander de soutien. Ils ne se rendent peut-être même pas compte qu’ils éprouvent des difficultés ou ils ont parfois honte de ce qu’ils traversent. Alors, Mme Drager dit qu’une équipe dont elle fait partie à l’Institut canadien du sport de Calgary essaie de repérer de façon proactive les athlètes qui ont besoin de soutien.
Par exemple, les responsables interdisciplinaires (médecins, physiologistes, praticiens en santé mentale, préparateurs physiques, thérapeutes, diététistes) de l’Institut canadien du sport de Calgary ont collaboré à un processus de dépistage de base pour les athlètes de l’équipe nationale qu’ils aident. Il s’agit du processus d’admission.
Tout commence avec les athlètes qui remplissent un questionnaire médical de dépistage, qui comprend 10 questions sur leurs comportements et leurs habitudes alimentaires, et s’ils ont déjà reçu un diagnostic de trouble de l’alimentation. L’admission comprend également un dépistage du bien-être mental et un questionnaire sur la nutrition. Ce questionnaire aide à déterminer leurs besoins en matière d’alimentation et si des restrictions alimentaires se produisent. L’équipe met en place une évaluation des risques pour chaque athlète et un plan de soins si les tests d’un athlète révèlent des résultats inquiétants.
Ensuite, l’équipe élabore un programme de traitement pour chaque personne. Le programme peut durer des jours, des mois ou même des années, selon la cause fondamentale de ce à quoi l’athlète fait face.
L’équipe de soutien travaillant avec les athlètes dit que dans certains cas, une personne atteinte d’un trouble de l’alimentation peut avoir un problème de santé mentale concomitant. Il peut y avoir des antécédents d’abus, de traumatisme, de dépression, ou des problèmes de relations ou familiaux.
Dans d’autres cas, les problèmes peuvent se manifester à cause de mauvaises méthodes d’encadrement, de l’intimidation ou du dénigrement fondé sur l’apparence. Les pensées, les sentiments et les perceptions de l’athlète au sujet de son corps peuvent être ce qui mène au trouble.
Judy Goss est consultante en performance mentale dans le sport depuis des années. Elle dit que parfois les gens pensent que si une personne est mince, elle pourrait avoir un problème. Mais elle dit que cela peut arriver à tout le monde et parfois, ce qui fait de quelqu’un un « bon athlète » peut brouiller la ligne entre être dévoué et avoir une mauvaise image corporelle ou pire encore.
« Parfois, l’athlète est prêt à se dépasser. Prêt à faire tout ce que l’entraîneur demande. S’entraîner fort. Suivre les instructions. N’accepter que la perfection. Ces caractéristiques peuvent également vous rendre plus sujet aux troubles de l’alimentation. Nous devons réaliser que c’est parfois juste sous notre nez et que nous ne le voyons pas. »
Mme Goss affirme que les jeunes athlètes font face à un nouveau défi : les médias sociaux. Elle dit que cela intensifie les problèmes liés à l’image corporelle et aux troubles de l’alimentation. Les athlètes, dit-elle, comme tout le monde, peuvent se comparer aux autres ou être le sujet de paroles blessantes ou de dénigrement fondé sur l’apparence.
Souvent, les experts en performance mentale disent que les troubles de l’alimentation commencent au début de l’adolescence, lorsque le corps change. Il est donc extrêmement important d’intervenir tôt dans le sport.
C’est pourquoi Mme Drager a travaillé avec Mme Goss et Patinage Canada, où Mme Goss est la conseillère en performance mentale. Ensemble, elles ont rédigé des lignes directrices pour une image corporelle positive en décembre 2020 afin de les partager avec les entraîneurs, les parents et les tuteurs, ainsi qu’avec les jeunes patineurs artistiques.
Les lignes directrices soulignent à quel point il est important pour les entraîneurs, les parents et les autres personnes qui entourent les athlètes d’être conscients du langage utilisé à l’égard des individus et de leur corps.
« Il y a toujours un énoncé que vous n’oublierez jamais. Nous appelons cela un énoncé Velcro qui reste avec vous pour toujours. Les entraîneurs ou les parents peuvent dire : « Wow, tu as fière allure, tu es si mince ». Ces commentaires positifs peuvent être tout aussi nuisibles que si on vous dit que vous avez un surplus de poids, affirme Mme Goss.
Mme Drager et une partie de l’équipe de l’Institut canadien du sport de Calgary animeront des séances d’éducation avec des entraîneurs et des athlètes où ils feront parfois des jeux de rôles. Si un athlète dit : « Je suis trop gros », elles demanderont à l’entraîneur de réfléchir à ce qui serait une réponse appropriée.
Les entraîneurs doivent se concentrer sur la performance et la condition physique plutôt que sur l’apparence et le poids. Par exemple, regarder ce que fait le corps pour alimenter les mouvements plutôt que son apparence.
Mme Drager et Mme Goss travaillent sur un projet pilote pour Patinage Canada. Plus tard en 2022, elles animeront des ateliers partout au pays avec des clubs de patinage. Elles prévoient présenter ces lignes directrices pour une image corporelle positive à tous les membres du club ainsi qu’aux jeunes patineurs.
« Ce n’est que la première étape », dit Mme Goss. Elle ajoute : « Parler de l’image corporelle dans le sport s’imposait depuis longtemps. Cela concerne toutes les dimensions, qu’il s’agisse des entraîneurs ou des juges dans certains sports. Nous devons réaliser que la forme et la taille du corps ne permettent pas de prédire la performance. »
Ressources recommandées
Lignes directrices pour une image corporelle positive de Patinage Canada
National Eating Disorder Information Centre
À propos de l’auteur
Teddy Katz est un journaliste et communicateur primé. Il a travaillé comme journaliste national dans le domaine des sports à la Société Radio-Canada pendant près de deux décennies. Il dirige maintenant sa propre entreprise de communications, Think Redefined Inc., où il aide des organisations nationales et internationales à raconter leurs histoires. Cela comprend le Comité olympique canadien et le Comité international paralympique. Il était à Tokyo en tant qu’attaché de presse pour l’équipe paralympique d’athlètes réfugiés.
À propos de l’institut canadien du sport de Calgary
L’institut canadien des sports de Calgary offre des environnements d’entrainement de classe mondiale en Alberta. Avec le support de nos partenaires, nous fournissons un support médical et scientifique en sport de premier plan, la formation des entraineurs et des services continus pour aider les athlètes canadien de haute performance de monter sur le podium lors des olympiques et des paralympiques.
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