Le passage à l’action
Dans la vie, les objectifs les plus ambitieux et les plus importants exigent du temps et des efforts qui sont proportionnels à la tâche; entreprendre d’obtenir un doctorat, par exemple. Une telle entreprise n’est pas pour les frileux, mais plutôt pour les quelques-uns d’entre nous qui tentons de changer le monde. Ils choisissent de passer à l’action.
Le directeur du programme de préparation physique de l’ICS Calgary, Matt Jordan, a atteint un jalon dans son passage à l’action, soit sa thèse de doctorat : Neuromuscular Function in Alpine Ski Racers with ACL Reconstruction: A Return to Sport Framework (la fonction neuromusculaire chez les skieurs ayant subi une reconstruction du ligament croisé antérieur : un cadre pour le retour au sport). Jordan a entamé son aventure il y a quatre ans pour combler ce qu’il considérait comme une lacune importante dans la gestion des blessures au ligament croisé antérieur chez les skieurs alpins.
Ayant travaillé avec l’équipe féminine de ski alpin de 1999 à 2003, puis de nouveau en 2010, Jordan en est venu à la conclusion que la récupération après une blessure au ligament croisé antérieur était souvent évaluée en fonction de renseignements subjectifs provenant des athlètes et de leurs équipes de soutien. Il voulait concevoir de meilleurs programmes et mieux déterminer l’état des blessures.
« L’objectif principal était de mettre en place des tests plus efficaces », explique-t-il. « Élaborer un test simple dans l’environnement d’entraînement qui soit plus névralgique que ce qui se faisait habituellement. » L’idée était simplement de déterminer comment mieux concevoir les programmes d’entraînement pour que l’athlète retrouve un niveau fonctionnel optimal.
Pour cela, Jordan a élaboré un protocole de test au moyen de plateformes de force afin de mesurer l’asymétrie entre le genou blessé de l’athlète et son genou sain. Cette mesure objective a aidé les athlètes et leurs équipes de soutien à comprendre comment la récupération progresse. De plus, elle a servi à empêcher les athlètes à retourner à la neige trop tôt.
« La plupart des gens croient que dans le cas d’une blessure au ligament croisé antérieur, une période de récupération de dix mois suffit avant de retourner sur les pentes. Mais en réalité, de nombreux skieurs, malgré le fait qu’ils retournent skier, traînent quand même des déficits qui persistent après la récupération », ajoute Jordan.
L’ancienne skieuse alpine Kelly VanderBeek a collaboré étroitement avec Jordan après avoir subi une blessure catastrophique au genou qui l’a empêchée de participer aux Jeux olympiques d’hiver de 2010. « C’était vraiment intéressant de voir les déséquilibres et de comparer mes deux genoux, » dit VanderBeek. « Ce n’était pas juste une question de force, mais aussi de rapidité à réagir. »
Bien que ses recherches aient été axées sur les blessures au ligament croisé antérieur et la récupération, Jordan s’est aussi concentré sur l’importance de mettre en place une solide équipe multidisciplinaire pour appuyer le processus de récupération.
Jon Kolb, directeur de la science du sport et de l’innovation d’À nous le Podium, affirme que la façon de comprendre de Jordan est basée sur le travail d’équipe. « Il reconnaît qu’il faut beaucoup de gens pour ramener un athlète après une blessure », explique Kolb.
Ultimement, la valeur de la recherche novatrice de Jordan réside dans la manière avec laquelle l’équipe de soutien collabore pour aider l’athlète à retourner à la compétition et les motifs qui sous-tendent la décision de lui donner le feu vert ou non. « Quand c’est toi qui dois décider à quel moment un athlète peut retourner au sport, il est préférable d’avoir une mesure objective avec laquelle travailler plutôt que simplement improviser, » ajoute-t-il.
Jordan comprend aussi à quel point une chirurgie de reconstruction du ligament croisé antérieur peut avoir des répercussions sur la carrière et la vie d’un athlète. « Les athlètes qui subissent des blessures majeures changent à jamais », souligne-t-il. Cela interpelle fortement VanderBeek, qui explique qu’elle a traversé pendant sa récupération une phase durant laquelle tout ce qui comptait pour elle était de pouvoir jouer avec ses futurs enfants.
Ce que Jordan espère, c’est que ses recherches changeront la façon de gérer les blessures au ligament croisé antérieur en permettant un retour au sport réfléchi et intelligent. « Je crois que j’ai semé l’idée dans suffisamment d’esprits que nous devons procéder d’une façon différente », poursuit Jordan. « Ce n’est que le début. »
Jordan prévoit maintenant retourner travailler avec des athlètes, effectuer davantage de mentorat et poursuivre ses recherches. En réfléchissant à cette grande réalisation, il constate qu’il est heureux d’avoir terminé, mais aussi qu’il est très motivé à passer à l’étape suivante. « Faire mon doctorat était une entreprise d’envergure », déclare-t-il. « J’ai toujours voulu faire ça et je suis content d’être passé à l’action. »
Institut canadien du sport de Calgary : @csicalgary
Rédigé par Kristina Groves: @kngrover
Photo de Dave Holland: @CSICalgaryPhoto
08/02/17
Sport Science Solutions, Research and Innovation, Sport Medicine, Sport Physiology, Own the Podium, Matt Jordan