Par Ken Read
Chaque hiver, la région de Calgary accueille jusqu’à sept événements annuels de la coupe du monde. Quatre autres sports d’hiver organisent des championnats du monde ou des coupes du monde quadriennales. L’Alberta accueille huit des douze organismes nationaux de sports d’hiver. L’Institut canadien du sport de Calgary est devenu le plus grand des sept instituts du sport du Canada.
En 1981, quand une ville de l’Ouest canadien assez méconnue appelée Calgary a remporté le droit d’accueillir les Jeux olympiques d’hiver de 1988, il n’y avait rien de tout cela.
Tant de choses ont changé dans le monde du sport en 35 ans. Mais pour vraiment comprendre l’héritage des Jeux de 1988, il faut imaginer à quoi ressemblait le sport avant 1981.
Il n’y avait pas de stade Saddledome, ni de patinoire Olympic Oval. Le Canmore Nordic Centre et Nakiska n’existaient pas. Le Parc olympique du Canada était la piste de ski préférée de tous, appelée Paskapoo. La plupart des sports d’hiver étaient administrés à Ottawa, sous l’œil attentif de Sport Canada. Calgary accueillait le Brier et Patinage Canada; la toute première descente de la coupe du monde avait eu lieu à la station de ski de Lac Louise. Les Flames venaient d’arriver en ville, jouant dans le stade Corral de 6 500 places.
Il y avait assurément une communauté du sport d’hiver grandissante. Des talents olympiques de calibre mondial ont émergé des clubs et programmes locaux en ski alpin, patinage artistique, patinage de vitesse et hockey. Des partisans locaux voulaient organiser des événements pour mettre en valeur Calgary, l’Alberta et les Rocheuses canadiennes afin de donner aux athlètes locaux ainsi qu’aux autres Canadiens des perspectives olympiques et aux talents dans des sports émergents comme le ski acrobatique et le patinage de vitesse sur courte piste une chance de participer à des compétitions à domicile en vue d’inspirer les enfants locaux. Mais nous manquions d’installations et d’expérience internationale.
Alors quand Frank King a soumis une candidature renouvelée pour les Jeux olympiques du Calgary Booster Club en 1979, il a trouvé un public et une communauté très réceptifs.
Je repense au début de l’époque de la candidature pour les Jeux olympiques de 1988 parce qu’il est très important de comparer ce que nous tenons pour acquis aujourd’hui avec ce qui existait il y a 35 ans. Aucune coupe du monde annuelle. Aucune équipe nationale basée dans la province. De rares événements internationaux. Aucune installation.
Le sport au Canada a été révolutionné grâce à une quantité énorme d’efforts, d’ingéniosité et d’investissement. Nous savons tous à quel point les Jeux de 1988 ont été un succès. Mais la véritable réussite a débuté avec la préparation et le développement alors que Calgary redoublait d’efforts pour les Jeux de 1988.
Pour préparer les Jeux, les villes hôtes doivent organiser des événements avant les Jeux olympiques pour tous les sports. Il s’agit d’un plan logique pour essayer les sites, donner aux athlètes une chance de s’entraîner dans les sites olympiques, mettre à l’essai la logistique qui va du transport à la sécurité en passant par la cérémonie, former les bénévoles et collaborer avec les partenaires qui comprendraient les médias, les commanditaires et les agences de financement. L’investissement en personnel (bénévoles et officiels) a fourni la capacité et le savoir-faire nécessaires pour organiser des événements de coupe du monde annuels. Résultat : le ski alpin, le bobsleigh, la luge, le skeleton et le patinage de vitesse sont désormais des événements réguliers dans le calendrier international; le hockey, le ski de fond, le biathlon, le patinage artistique et le curling sont des événements majeurs.
Des événements annuels réussis ont été soutenus par une volonté de développer des environnements d’entraînement. Des centres d’entraînement nationaux ont émergé à mesure que des fonds devenaient disponibles, avec des équipes nationales centralisant leurs programmes annuels à proximité de ces sites. Résultat : des centres d’entraînement nationaux sont maintenant établis à Nakiska (ski alpin), à Canmore (biathlon et ski de fond), à l’Université de Calgary (patinage de vitesse), au Parc olympique du Canada de Calgary (combiné nordique et saut à ski; piste de glisse pour le bobsleigh, le skeleton et la luge).
Comme les équipes nationales ont été centralisées en Alberta, une fois que Sport Canada a autorisé les organismes nationaux de sport à déplacer leurs sièges sociaux à des endroits logiques (plutôt qu’à Ottawa), l’administration de chaque sport a suivi les athlètes. Résultat : Calgary et Canmore accueillent maintenant Hockey Canada, Canada alpin, Luge Canada, Bobsleigh Canada Skeleton, Saut à ski Canada, Combiné nordique Canada, Ski de fond Canada et Biathlon Canada.
Comme le Canada a établi un réseau de centres canadiens multisports partout au pays pour soutenir nos athlètes, avec la plupart des sports d’hiver accueillis dans la région de Calgary, l’ICS Calgary est naturellement devenu le principal fournisseur des sports d’hiver. Les centres multisports emploient les équipes de soutien qui entourent les athlètes, incluant les physiologistes de l’exercice, les préparateurs physiques, les analystes en biomécanique, les diététistes, les conseillers en performance mentale, les spécialistes de l’anthropométrie, les techniciens de laboratoire en biochimie, les médecins, les physiothérapeutes, les thérapeutes sportifs, les chiropraticiens et les massothérapeutes.
En collaboration avec des partenaires de financement aux niveaux fédéral, provincial et municipal, WinSport Canada a établi le Athlete Centre au sein du Parc olympique du Canada qui constitue désormais la principale installation pour l’entraînement des athlètes dans le monde. Résultat : l’ICS Calgary a évolué pour devenir le plus grand institut du sport du Canada, employant désormais plus de 75 professionnels et travaillant avec 345 actuels et futurs athlètes olympiques / paralympiques et panaméricains / parapanaméricains ainsi que des centaines d’entraîneurs, techniciens, officiels et bénévoles collaborant avec des organismes sportifs.
L’expertise dans le domaine du sport et la disponibilité des sites en progression constante ont aisément permis l’ajout de sports nouveaux et émergents au programme olympique après 1988. Les premiers à avoir été inclus sont le skeleton et le ski acrobatique (bosses et sauts), suivis par la planche à neige (planche à neige cross, descente et demi-lune) et le ski cross, puis la descente acrobatique en ski et aujourd’hui le grand saut. Résultat : les programmes et événements de skeleton, ski acrobatique, planche à neige et ski cross ont été intégrés à l’éventail de sports de Calgary et de la région sur des sites qui sont sans doute les meilleurs au monde.
L’influence du sport dictée par l’héritage des Jeux de 1988 et la masse critique d’expertise dans le domaine du sport ont continué de favoriser encore plus de projets accordant une place centrale au sport afin de soutenir le secteur. Résultat : le Panthéon des sports canadiens, les bureaux d’hiver d’À nous le podium et de la National Sport School; le laboratoire de performances humaines à l’Université de Calgary et le groupe de recherche sur les technologies du sport et du bien-être (SAIT). L’expertise ainsi que les infrastructures briques et mortier ont migré à Calgary en tant que centre de l’excellence sportive.
Le facteur humain a un énorme impact. Certains sont de passage et de nombreux autres s’installent, transformant ainsi la ville de Calgary et la région. Beaucoup de noms reconnaissables au sein de la communauté sportive viennent d’autres pays et régions du Canada. Ils ont apporté des qualifications professionnelles et des antécédents sportifs. Leurs enfants ont rejoint nos clubs. Leur leadership et leur expertise peuplent les conseils sportifs, les comités d’événements et l’administration d’organismes locaux, provinciaux et nationaux. Résultat : des centaines d’athlètes internationaux viennent au Canada chaque année pour s’entraîner et compétitionner. Les Canadiens de partout au pays se concentrent à Calgary chaque année pour les programmes de leurs équipes nationales. Un grand nombre d’entre eux ont décidé de rester. Des centaines de professionnels du sport qui dirigent et soutiennent nos programmes sportifs ont été recrutés partout dans le monde et ont élu domicile au Canada.
Essayez d’imaginer : presque rien de tout cela n’existait en 1981.
Le secteur du sport international ne diffère d’aucun autre secteur d’affaires. Pour rester compétitif et pertinent, et pour prospérer, les infrastructures doivent être entretenues. L’excellence fluctue et la barre est placée toujours plus haut. Le média qui présente le sport au monde évolue avec les attentes d’une communication numérique et l’exigence d’une diffusion efficace pour tous les événements sportifs à partir du niveau d’une coupe du monde. L’important secteur du sport est maintenant installé dans la région, alors passer en revue les installations existantes et potentielles ainsi que l’infrastructure nécessaire pour conserver notre avantage concurrentiel constitue une décision d’affaires prudente.
Cette évolution ne s’est pas faite sans difficulté. Des erreurs ont été faites, mais une candidature pour les Jeux olympiques est une occasion d’apprendre, de s’adapter et de s’améliorer qui n’arrive qu’une fois par génération, de la même façon que Calgary a appris de l’expérience de Montréal et que Vancouver a appris de l’expérience de Calgary. Dans l’ensemble, les Jeux de 1988 ont été sans aucun doute bénéfiques à la ville, à la région, à la province et au pays; ils ont donné un essor important au sport canadien. Rien qu’un examen pour évaluer une candidature potentielle pour les Jeux olympiques constitue une occasion d’actualiser, de revigorer, de renouveler, de redresser et de réorganiser.
Cette candidature concerne un événement qui aura lieu dans 10 ans. À la base, la priorité de l’étude de faisabilité doit porter sur la façon dont nous, en tant que communauté et pays, aimerions voir ce secteur florissant évoluer d’ici 2050 et au-delà. Pour inspirer les jeunes, soulever la prochaine génération de champions, transmettre les connaissances aux nouveaux dirigeants et officiels. À une époque où la diversification est en tête de liste des besoins urgents pour notre économie, le sport et les secteurs liés du tourisme et de la communication peuvent occuper une place de choix.
Quand le CIO a annoncé « Calgary! » en octobre 1981, aucun de nous n’imaginait vraiment les possibilités. Que de chemin parcouru. Alors que nous allons de l’avant, quelles possibilités nous attendent?
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Institut canadien du sport de Calgary : @csicalgary
Photo de Dave Holland: @CSICalgaryPhoto
29/06/16
WinSport, University of Calgary, Game Plan, NextGen, Own the Podium, National Sport Organization